3. Nous perdons 5 % d'exploitations laitières par an. Faut-il ralentir cette tendance au risque d'accentuer notre retard de compétitivité face à nos concurrents allemands et néerlandais ?
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UMP « Cette baisse du nombre d'exploitations masque en fait la disparition d'entreprises individuelles qui, pour partie d'ailleurs, se regroupent au sein de formes sociétaires. La question n'est pas le nombre d'exploitations laitières mais la construction d'une véritable stratégie de développement durable de la filière, avec une production laitière partout en France. Etre compétitif ne veut pas forcément dire s'engager dans une course à l'agrandissement. Je ne suis pas favorable à la concentration de la production de lait dans un ou deux bassins : cela conduirait à une production laitière industrielle, qui ne correspond ni à nos valeurs ni à nos intérêts nationaux. La compétitivité, c'est aussi améliorer la valorisation et la commercialisation de nos produits. Quand le volume de lait produit est faible, il faut miser sur la qualité et la valeur ajoutée. C'est le cas des fromages AOC, comme le comté, qui s'en sortent très bien. »
Marine Le Pen : LA VOIX DU PEUPLE, L'ESPRIT DE LA FRANCE « 50 % d'exploitations laitières supprimées en dix ans, c'est moralement et économiquement indéfendable. La filière française du lait avait besoin d'être réorganisée, pas saignée ! Quant à ceux, syndicalistes ou éleveurs, qui laissent mourir les “petits”, ils déchanteront vite : nos concitoyens ne voudront jamais d'usines à vaches de plus de 1 000 têtes. Avec quelques centaines de têtes, nos “gros” éleveurs comprendront très vite qu'ils sont, en réalité, des petits dans la mondialisation. Ne vous soumettez pas. Vos voisins laitiers disparaissent, demain, ce sera vous ou vos enfants.
Restez solidaires. Vous gagnerez des prix décents et surtout, vous garderez votre indépendance remise en cause par la LMA. »
MOUVEMENT DEMOCRATE « Je refuse d'opposer compétitivité et nombre d'exploitations laitières. Je refuse également que notre modèle se calque sur un monopole de grandes usines laitières au détriment des petits producteurs. Nous avons besoin de ralentir, voire d'inverser cette tendance à la baisse, de surcroît pour développer les circuits courts dans lesquels les producteurs auraient plus de marges de manoeuvre pour fixer leurs prix, non plus en fonction du marché mais en fonction de leurs besoins vitaux. Je souhaite que le secteur du lait en France s'organise autour de deux piliers : un tissu de petites exploitations qui, par le biais de circuits courts, puissent vivre dignement de leur travail ; permettre aux consommateurs d'avoir le choix entre la quantité et la qualité, mais aussi de grandes entreprises permettant de tenir tête face à leurs concurrents européens ou internationaux. »
PS « Ce n'est pas ainsi que nous devons poser le problème de la compétitivité de la filière laitière, et plus généralement de l'agriculture française. Le modèle pensé dans les années soixante, fondé sur l'idée que l'efficacité productive reposait sur la baisse continue du nombre d'exploitations, a conduit à une chute du nombre de fermes et à une diminution du nombre d'emplois agricoles. Je n'engagerai pas la France dans une course au moins disant social, mais sur la voie d'une harmonisation sociale, en particulier avec notre voisin allemand. Notre modèle d'avenir doit allier réussite productive et efficacité sociale : des productions diversifiées, durables et performantes, pourvoyeuses d'emplois sur tout le territoire, voilà la clé de la réussite du modèle français. »
FRONT DE GAUCHE « L'enjeu essentiel n'est pas d'augmenter à tout prix la production par actif en recourant à des intrants toujours plus chers et polluants. Il faut aller vers des systèmes capables de générer de la valeur ajoutée. La fuite en avant dans la prétendue compétitivité est le meilleur moyen d'accélérer la crise du secteur laitier.
Nous serons bien avancés lorsque nous serons devenus compétitifs, mais qu'il n'y aura plus d'exploitations laitières en France. Pour sortir de cette spirale, nous proposons un programme de rupture pour une transition écologique vers des systèmes de production durable, plus intensifs en intelligence et en travail. La France est dotée d'un haut potentiel agricole et de travailleurs qualifiés. Elle a les moyens de devenir un exemple en matière de transition écologique pour stopper le processus de disparition des exploitations agricoles. »
Europe Écologie les Verts « La restructuration de la production ne signifie pas obligatoirement compétitivité. La situation économique des producteurs danois illustre cette analyse : plus les élevages s'agrandissent, plus le mode d'élevage évolue vers un système d'alimentation dit “hors sol” faisant appel à plus de mécanisation, d'intrants à un moment où nous considérons que l'agriculture doit être plus économe en énergie et doit participer au refroidissement de la planète avec une utilisation plus importante des cultures pérennes. L'agrandissement des exploitations accroît la difficulté des reprises et de l'installation. L'augmentation de la capitalisation devient un obstacle majeur. Les intérêts de l'industrie laitière s'éloignent des attentes des consommateurs et des éleveurs. Nous devons passer d'une politique agricole et agroalimentaire à une politique agricole et d'aménagement du territoire. »
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